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Quelques courts extraits…

Mon travail consiste à traduire sous forme écrite la vie que me racontent librement mes clients, sans en modifier le fond et tout en gardant l’esprit du narrateur. Du sur-mesure… Ci-dessous, quelques courts extraits, avec l’accord des intéressés.

Dix années d'exception : extrait...

J’ai vécu une enfance et une adolescence sans intérêt, dans une filière scientifique sur directive paternelle non négociable. Faut-il donc le préciser ? Le bac en poche et la majorité atteinte, je suis parti sans aucun regret. Les parents, inquiets mais ayant dû réaliser que rien ne m’arrêterait, ont finalement laissé leur unique progéniture prendre le large sans trop de scènes. L’Australie me faisait de l’œil depuis déjà plusieurs années et j’étais sûr que m’y attendaient mille et une aventures, un travail fantastique, les femmes les plus voluptueuses qui soient et les amis les plus chaleureux du monde…

Déception sur toute la ligne, j’ai vu les mois passer, de désenchantement en désenchantement, et je suis finalement rentré au bout de 5 ans, aigri de cette expérience décevante et seulement riche d’un horrible accent que ne saurait désavouer l’autochtone du bush, voire même de l’outback…

Mais que faire au retour ? Et c’est là que le facteur chance intervient, à moins que ce ne soit le hasard ou le destin ou la malédiction… En plein Paris, je tombe sur Alex, interne comme moi dans les années lycée. Nous sommes le 13 juin 1984 et je peux même préciser qu’il s’agit une journée particulièrement agréable. A une table d’une terrasse de café, nous faisons le point sur nos parcours respectifs. Le soleil, déjà quasi estival, nous invite à commander plusieurs bières et nos échanges ont la légèreté superficielle d’amis perdus de vue depuis des années mais qui se savaient proches dans le passé.

A ma mère : extrait...

— C’est bien vrai ?

Pénible… J’ai quand même déjà 12 ans et toujours pas moyen de te dire quoique ce soit sans que tu remettes systématiquement ma parole en cause !

    — Mais Maman ! Puisque j’y étais !

Je me demande souvent pourquoi tu m’asticotes systématiquement ainsi. Tous les matins je remets à zéro le compteur de tes remarques perfides qui me font me sentir un minable dont la parole n’a strictement aucune valeur et tous les soirs, je me promets d’être plus vindicatif le lendemain. Mais dès le petit déjeuner et ta première remarque sournoise lancée, je ravale de nouveau les répliques bien senties que je me répète pourtant régulièrement au fond du lit.

Aujourd’hui, j’ai 42 ans et ma femme me demande souvent pourquoi, aujourd’hui encore, je manifeste systématiquement une telle défiance envers tes réactions. Pourtant, père de deux enfants -que tu ignores souverainement- et assis confortablement dans ma vie professionnelle, je devrais avoir la tranquillité d’une relation enfin apaisée avec toi.

Le temps d'après : extrait...

Un mariage plutôt réussi, à entendre les commentaires des uns et des autres. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait ainsi que j’ai vécu la chose…

Invitations rendues par mes parents à de vagues relations professionnelles, ban et arrière-ban de tantes, oncles, cousins et cousines éloignés. Un évènement qui semble se dérouler au mieux pour tous, sauf pour moi. Heureusement, j’ai pu inviter mes amis les plus proches et cela me console de n’avoir pas pu vraiment vivre le mariage que j’espérais.

Mais que dire ? Financièrement, je n’ai participé à rien… Comment donc imposer quoique ce soit ? Vingt ans tout juste et un futur mari qui ne plait pas du tout aux parents pour lesquels, cependant, seul le mariage est envisageable. Je suis donc déçue, même s’il m’a été demandé ce que je pensais d’organiser le repas dans le garage et que Papa s’est donné la peine de le repeindre entièrement pour lui donner un air de salle proprette. Je suis frustrée, même si mon avis a été requis pour savoir ce que Maman devait commander chez le traiteur… Je suis dépitée, même si les petits plats ont été mis dans les grands pour assurer à la fête un certain standing… Et, au bout du compte, je me sens triste, même si ma robe blanche a été faite sur mesure par une couturière experte qui a su recouvrir la multitude de boutons de ma robe de ce même magnifique tissu moiré… J’ai la sensation de n’avoir rien choisi et de tout subir.

1961 : extrait...

Peu de souvenirs de ma petite enfance, sinon l’escalier en bois tout grinçant et terriblement bien ciré qui menait à notre appartement, au troisième étage, et celui en colimaçon qui partait d’un petit sas où étaient rangées, bien alignées, les chaussures de toute la famille et qui conduisait au niveau supérieur où se trouvaient les trois chambres, celle des parents et celles de leurs deux filles.

Je revois aussi très bien la cuisine, très haute de plafond, avec son système d’étendoir qui se baissait le temps de le charger du fruit de la lessive pour être ensuite hissé, au plus haut, par un système de ficelles et de poulies, démultipliant ainsi l’effort que Maman devait faire pour relever le poids du linge humide.

J’ai encore également l’image du martinet en cuir avec son manche en bois, suspendu derrière la porte de la cuisine et dont Maman nous menaçait parfois mais sans vraiment l’utiliser.

La télévision est arrivée chez nous vers 1965 et je me souviens des émissions auxquelles nous avions droit, ma sœur et moi, assises en tailleur sur le tapis du salon : le Manège Enchanté avec Pollux que ma sœur avait même en peluche, Bonne Nuit les Petits et, plus tard, la Piste aux Etoiles et les émissions des Carpentier. Plus tard encore, à l’heure des dossiers de l’écran, je traînais vers le salon, mais la musique inquiétante de son introduction me chassait aussitôt vers la sécurité de ma chambre.